Le Groupe TACCEMS Asbl – Centre de Création, d’Echanges et de Montage des Spectacles – a lancé la première partie de la tournée de la pièce théâtrale « cri du cœur ». Cette première partie a concerné les villes de Kisangani, de Goma et de Bukavu. Partout où elle a été présentée, cette création n’a pas manqué de récolter un franc succès. De l’espace culturel Ngoma de Kisangani à l’espace Ndelia – Ndaro de Bukavu, en passant par l’espace Mashujaa, le foyer culturel des jeunes, l’espace culturel Kwetu arts et l’institut français de Bukavu, la pièce a suscité des vrais débats quand à la finalité de toutes ces guerres qui se mènent partout en République Démocratique du Congo.
Un jour après sa représentation à l’Espace Culturel Mashujaa, Didi Ramazani – Comédien et auteur – a trouvé les mots justes pour qualifié cette œuvre :
« Cri du cœur, le spectacle peint une société déchirée par la guerre. Le pays est au bord de l’explosion. La guerre a laissé des traces indélébiles dans les esprits des victimes. Devant les menaces de balkanisation, face aux tueries, le peuple se pose la question de savoir « quel est le sens de toutes ces guerres » ? Ce Cri du cœur, est un tout fait simplement mais avec des vrais mots, des tableaux chorégraphiés et attenants. Des corps fidèles à des émotions vivaces et éloquentes des acteurs tout au long d’un spectacle qui passe vite sans panser nos peines mais qui nous invite à dire non et à dénoncer l’ignominie, l’injustice et l’incurie belliqueuse d’un ennemi qui ne veut pas changer de fusil d’épaule. Un réquisitoire exhaustif, un réquisitoire qui en lui-même pourrait faire une plainte devant un MORENO OCAMPO ou une FATOU BENSOUDA. Ce cri de colère brisé et broyé donne envie d’écouter et d’entendre l’écho de ces cris des cœurs venus de ces nombreuses âmes fauchées parce que hachées, mâchées par la machine broyeuse des âmes innocentes ».
Cinq artistes, venus de Goma, Bukavu et Kisangani, ont uni leurs énergies et leurs savoirs pour transformer un texte en un spectacle fort, poignant et vivant. A chaque présentation, le public est resté ébahi devant la voix imposante de Tito Munganga, le père ; l’énergie débordante de Daniel Bila, l’estropié ; la plasticité figurale de Patricia Kamoso, l’orpheline ; la rage de Cynthia Marifa, la mère, et ou le chagrin rongeur de Jocelyne Lutu, la fille violée. Ce mélange d’artistes venus de différents horizons constitue une première force de cette création.
Quand le spectacle commence, les artistes amènent le public avec eux dans un dédale des phrases, des figures et d’émotions. C’est en pleine vitesse de croisière que les projecteurs s’éteignent et laissent l’assistance dans la soif, dans l’envi de continuer. C’est quelques secondes plus tard que le public se rend compte que le train d’est arrêté pour de bon. Ainsi, s’élèvent des ovations interminables, signe d’un satisfecit du public.
« …les représentations de cette pièce ne devront pas s’arrêter ici. Il faut que les autorités politico – administratives et militaires puissent suivre ça… », laisse entendre le Chef de division de la culture et des arts du Nord Kivu, après le présentation au foyer culturel de Goma. Selon lui, ce spectacle devra transcender les frontières de l’art et constituer un véritable matériel didactique qui devra être vu par les élèves et étudiants.
La deuxième force du spectacle « cri du cœur » est, sans nul doute, le fait d’avoir inséré deux slammeurs dans la création. Deux slammeurs qui, en plus de leurs façons de faire, ont apporté un peu de sel à cette sauce déjà pimentée.
Pour l’auteur et metteur en scène, « cri du cœur » a tenu ses promesses. Ma Gloire BOLUNDA reconnaît qu’une œuvre n’est jamais parfaite, mais estime que les artistes sélectionnés ont donné les meilleurs d’eux – mêmes.
« …Quand on lance une création, souvent on ne sait pas à quoi cela va aboutir. On avance, on tâtonne, on recadre et ainsi de suite. C’était aussi le cas avec cette pièce. Les résultats, même si je les ai anticipé, ont été au-delà de mon entendement… »
La création et la tournée de ce spectacle rentrent dans le cadre du projet « Tuendelee pamoja » qui bénéficie des appuis financiers de Africalia Belgium te de ACP UE dans son programme « créer en Afrique centrale ».